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L’autoroute qui traverse Strasbourg constitue un désastre écologique et urbain.
Depuis maintenant, des années les instances sanitaires nous alertent sur les conséquences liées à la pollution automobile. Régulièrement nous sommes informés des pics de pollution, en été comme en hiver. Mais la mise en évidence de ces pics de pollution cache souvent les effets alarmants d’une exposition, qui tout en ne dépassant pas les seuils admis, n’en est pas moins permanente, les conséquences en sont autrement plus redoutables. La réduction des niveaux de polluants sur les seuls cas de pics, n’assure pas une prévention réelle des conséquences sanitaires de la pollution atmosphérique.
Le rapport d’une commission sénatoriale de juillet 2015 indique que plus de 45.000 personnes sont victimes de mort prématurée imputable à la pollution atmosphérique. Le coût monétarisé moyen lié à cette mortalité et à la morbidité est ainsi évalué entre 68 et 97 milliards d’euros par an (l’impôt sur le revenu était de 76 milliards d’euros en 2015). Il conclut que le bénéfice net de la lutte contre la pollution de l’air serait de 11 milliards par an.
Par ailleurs, la coupure de la ville par cette autoroute crée des contraintes en matière de déplacements et entrave le développement cohérent de la ville. Cette rupture physique, marquée par la hauteur des remblais et des ouvrages qui la supportent, provoque la perception de villes différentes de part et d’autre. D’un côté, à l’est, c’est Strasbourg, de l’autre côté, à l’ouest, c’est Cronenbourg, Koenigshoffen et la Montagne Verte, quatre villes différentes, quatre appartenances. En réduisant cette coupure il serait possible de rapprocher ces différents tissus urbains, d’établir une continuité de la ville.
Une réflexion sur la suppression de cette autoroute dans son parcourt urbain est donc nécessaire. Un boulevard pourrait la remplacer innervant les aménagements possibles sur son emprise. Cette emprise de l’ordre de 400 hectares permettrait une évolution urbaine comparable à celle réalisée entre les années 1880 et 1920, par la construction de la Neustadt.
Les conditions qui pourraient conduire à cette transformation de la ville sont pour l’essentiel des actions nécessairement conjointes portant sur :
- le développement des transports en commun, notamment sur la réalisation de lignes circulaires reliant les différents quartiers et villes de l’agglomération,
- le renvoi de la circulation de transit,
- la réduction raisonnée de la circulation automobile dans la ville et l’accroissement des pistes cyclables,
- l’amélioration des conditions de déplacement des piétons,
la limitation de l’étalement urbain facteur de ségrégation sociale.
C’est sur ces aspects de la pollution et de la césure urbaine qu’il conviendrait d’engager une vaste réflexion. Les intelligences sont là, il suffit de leur donner l’impulsion indispensable. La lutte pour la réduction de ce désastre écologique est à ce prix.
C’est l’objet de notre hypothèse de travail pour la transformation de l’A35 en boulevard, consultable sur le site strasbourg2030.com
Micha Andreieff,
Michel Messelis
urbanistes.
Septembre 2016